"Le Simulateur" de Dora Maar, mystérieuse icône du surréalisme

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Avec cet inquiétant photomontage, l'artiste Dora Maar signe une œuvre phare du mouvement surréaliste - sans nous donner beaucoup d'explications ! Mais c'est là toute la beauté de son travail...

Voilà un endroit qui n’a pas l’air très accueillant : on se croirait dans un égout ou dans les geôles d’un château hanté… Et on imagine tout de suite comme il doit être inconfortable de parcourir cet étrange couloir au sol incurvé !

Dora Maar, Le Simulateur, 1936, épreuve gélatino-argentique collée sur carton, Centre Pompidou © ADAGP, Paris, 2025

Un jeune garçon s’y tient, dans une position invraisemblable. Est-il pris de convulsions ? Ou bien fait-il le pitre ? Sommes-nous au beau milieu d’un cauchemar ?

Cette mystérieuse œuvre de Dora Maar soulève bien des questions ! À commencer par le titre, Le Simulateur, sur lequel l’artiste n’a jamais livré d’explication…  

Il ne s’agit pas d’une simple photographie, mais d’un photomontage. Une technique très appréciée des surréalistes, un groupe d’artistes qui explorent librement l’inconscient et le rêve durant la période de l’entre-deux-guerres. Les photomontages leur permettent de sortir les objets ou les personnages de leur contexte, et de créer des situations inattendues, voire incongrues.

Dora Maar, Sans titre (Main-coquillage), 1934, épreuve gélatino-argentique, 40,1 × 28,9 cm © ADAGP, Paris. Photo © Centre Pompidou

Dora Maar excelle dans cet art, en réutilisant ses propres clichés. Car elle pratique la photo depuis plusieurs années déjà, collaborant avec des magazines et des marques ou saisissant sur le vif les habitants marginalisés de Paris, Londres ou Barcelone. C’est d’ailleurs dans une rue de la cité catalane qu’elle photographie le petit acrobate qui, découpé et retourné, deviendra ce fameux Simulateur.  

Dora Maar, À l'origine du Simulateur, 1932 © ADAGP, Paris, 2025 / Dora Maar, Photographie des voûtes de l'orangerie du château de Versailles, vers 1936, Centre Pompidou

Quant à l’inquiétant décor dans lequel il se trouve, pas besoin d’aller le chercher très loin : il s’agit en réalité d’une vue de l’orangerie du château de Versailles. Maar la retourne et en "mure" les fenêtres en y traçant des pierres à la main, pour mieux enfermer son personnage… et troubler le spectateur !

Le surréalisme est la surprise magique de trouver un lion dans un placard, là où on était sûr de trouver des chemises. Frida Kahlo

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